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Témoignage du 11 Septembre 1998

5ième jour d'observation citoyenne de l'accueil du service des étrangers

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Présents dans les locaux de la Préfecture de Montpellier, de 8H45 à 10H30, notre but était d'observer comment se déroulait l'accueil des personnes qui désiraient s'adresser au service des étrangers.

Les propos entendus, et que nous rapportons, ont été tenus par l'un ou l'autre des deux fonctionnaires qui, habillés en civil et ne portant aucun signe apparent de reconnaissance attaché à leur fonction, étaient chargés de contrôler : dès le sas, toutes les personnes (particulièrement celles qui n'étaient pas, en apparence, de race blanche ) qui pénétraient dans le bâtiment public, mais aussi quelques mètres plus loin, les personnes qui accédaient à l'entrée des files d'attente des guichets réservés aux étrangers.

L'un de ces deux agents, jeune et d'assez grande taille, a clamé... qu'il avait des ordres de son Directeur... Le second, plus âgé, a même confié à l'un d'entre nous,... qu'il était de la Police, au Service de l'immigration... Il a également affirmé... avoir inspecté, la nuit dernière, le bateau le Marrakech, et découvert 200 clandestins parmi les 600 passagers...

Les personnes dépourvues d'une convocation, ont dû produire leur passeport, voire même un visa de travail ? ? ? pour pièce d'identité. Il est entendu que les personnes dépourvues de passeport n'ont pu rentrer dans la Préfecture.
A noter que la vue d'un visa touristique sur un passeport a provoqué le commentaire suivant :... alors avec ça, vous visitez et vous retournez au bled...
Cette destination sera indiquée, à une autre occasion, à une autre personne :... qu'est-ce-que vous faites là encore ? Vous avez perdu votre passeport et vous voulez une régularisation ? Vous retournez au bled. C'est fini ! Toute l'Afrique est au courant, sauf vous !...

En effet :... ils viennent de partout ; d'Espagne, d'Allemagne, de Hollande. Parce qu'à Perpignan, il y a trop de flics, donc ils viennent ici. Mais ici, on ne les régularise pas quand même...

Problème technique et... scoop ? ? ? :... de toute façon, tu peux attendre. Il y a 4000 dossiers en retard. J'ai 4 mois de retard. J'ai pas de fonctionnaires. Si tu as envie de perdre deux heures, tu peux attendre. De toute façon, ça sert à rien...

Ou interprétation fantaisiste, car :... il n'y a plus de régularisation. C'est fini depuis novembre de l'an dernier... à une autre personne :... c'est l'an dernier que l'on régularisait. Pas cette année. Vous rentrez au bled... (Tiens ! c'est toujours le même fonctionnaire qui parle)... c'est fini maintenant ; il n'y a plus de recours. Basta ! On ne donne pas de dossiers. De toute façon, ils vont se faire refouler. C'est fini de régulariser. Il n'y a plus de dossiers. (mais ) Vous avez le choix : ou écrire au Préfet, ou retourner (où ça ? ) au bled. (sans commentaires ) Si vous écrivez au Préfet, il faut que ce soit du solide, et écrire en Recommandé avec A.R..

Réaction et suite :... Vous avez écrit ! Vous n'avez pas eu de réponse ! c'est pas vrai ! On a répondu à tout le monde...

Mais au fond, l'arbitraire demeure. Car derrière le devoir d'obéissance de chacun de ces deux fonctionnaires demeure leur interprétation dévoyée des textes de lois qui régissent l'entrée et le séjour des étrangers dans ce pays.

... Je connais la réglementation. Le Ministre de l'Intérieur me donne des ordres. Je les applique. Les droits et les devoirs, ce n'est pas vous qui les faites. Ce sont les Sénateurs et les Députés. Taisez-vous ! cela va déraper ! Vous ne faites pas partie du cadre légal. C'est terminé !

Un peu moins de deux heures plus tard nous repartons. Une cinquantaine de personnes, qui ont passé le « tri », attendent debout leur tour.


Il est 10H40. J'arrive à la Préfecture dans l'espoir de la trouver fermée. Je suis là pour connaître les motifs qu'ils pourraient invoquer. A l'entrée, un homme d'âge mur, en costume cravate, portant des lunettes, me demande à quel service je me rends. « je viens chercher des renseignements pour une carte d'identité » « allez-y »
A l'intérieur peu de monde, sauf aux deux guichets pour les étrangers où la file s'étend jusqu'à la porte d'entrée, sur trois rangs. Cette première vision est très marquante : le procédé de la Préfecture marche bien. On a l'impression que des hordes d'étrangers déferlent. J'imagine déjà les réflexions des racistes patentés : il n'y en a que pour eux , on les régularise tous !
A ma sortie ils sont maintenant trois : le même, un plus jeune qui fait ouvrir les sacs, ainsi qu'un flic -style « je fais mon Service dans la Police »
. Ah ! Douce France...

Sylvette S. 52 ans. Sans profession.
Céline M. 26 ans. Chômeuse.
Bernard M. 48 ans. Fonctionnaire.
Pierre E. 46 ans. Chômeur.


Pour nous écrire : Comité 34 des Parrains-Marraines des Sans-Papiers (libcirc34-2008 A maretmanu.org)

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Cette page a été créée le 29 octobre 1998.